L'auteur, Ken Bruen, sera présent au 13e Festival du Goéland Masqué
La
littérature Noire américaine a popularisé la figure du privé comme
antihéros d’un pays, loin d’être aussi serein et triomphant que sa
puissance pouvait le laisser entendre.
L’Irlandais Ken Bruen,
dans ce roman publié à l’origine en 2001, au moment même où l’Irlande
aux yeux de nos libéraux européens subjugués, devenait un modèle de bon
élève de la classe, met en scène le privé Jack Taylor dans un pays où,
comble d’ironie « il n’y a pas de détectives privés ».
Exclu de
la Garda Siochana (police) non par alcoolisme (« je ne dessoulais pas…
un garda abstinent est considéré avec méfiance quand ce n’est pas avec
une totale dérision ») mais parce qu’il a écrasé son poing « sur la
gueule d’un politicien en vue », notre (anti)héros est réduit à tenir
permanence au Grogan’s « le plus ancien pub de Galway à ne pas avoir
changé ».
Plus que l’intrigue au dénouement (presque)
prévisible, ce qui intéresse Ken Bruen c’est Jack Taylor : ses états
d’âme, ses amours impossibles, ses amitiés contrariées, ses cuites, ses
périodes de sevrage, ses séjours à l’hôpital ou en asile psychiatrique
et Galway, non pas celle du miracle économique et des nouvelles
technologies mais celle qui a préservé son authenticité à l’écart des
mutations architecturales et sociologiques. Entendons-nous bien, Bruen
ne se réfugie pas dans une nostalgie qui nous rappelle, dans un autre
domaine, un certain journal TV à 13H. Porté par de courts chapitres
(jamais plus de six pages), par des dialogues vifs où l’humour est
toujours présent, le roman se lit vite (c’est l’une des constantes de
l’auteur) et avec un très grand plaisir. Ajoutons à tout ceci des
références à la culture rock, à certains auteurs de la littérature
Noire, au cinéma, sans que tout cela ne soit, comme on le lit trop
souvent ailleurs, prétentieux et inutile et nous obtiendrons un
renouvellement d’un genre qui ne cesse d’être revisité par des auteurs
talentueux.
| |
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire