lundi 25 mars 2013

Les critiques du Goéland Masqué : " Nager sans se mouiller "

L'auteur, Carlos Salem, sera présent au 13e Festival du Goéland Masqué.


Juanito Perez Perez a un peu la tête de n’importe qui, une petite vie un peu minable, un divorce un peu sordide et une vie sentimentale qu’il vaut mieux passer sous silence. Bien rares sont ceux qui savent qu’il est aussi Numéro Trois, tueur à gage patenté, as de la gâchette, seize contrats à son actif, pas une bavure.

Lorsqu’il part en vacances avec ses enfants et qu’il se retrouve, à son corps défendant, dans un camping naturiste sur l’emplacement voisin de son ex-femme, et que rappliquent en prime Numéro treize qu’il n’a jamais pu encaisser, et son copain d’enfance qu’il n’a pas revu depuis quinze ans, ça fait beaucoup de coïncidences. Et s’il est sûr d’une chose, c’est "qu’il faut se méfier des coïncidences et des putes à petits seins".

Juanito va essayer d’y voir clair dans ce nid d’espions où on ne peut se fier à personne, affinant des stratégies de survie issues du manuel du Tueur à Gages tout en s’essayant au rôle de père modèle pour lequel il n’y a pas de mode d’emploi. Il en résulte une valse étourdissante de personnages et de situations dramatiques, loufoques, tendres ou érotico-gymniques, un genre de Fantasia chez les Ploucs à la sauce ibère, totalement réjouissant. Le tout est porté par une écriture sobre, efficace et caustique, juste dans tous les registres, et qui parvient à transformer un roman d’espionnage décalé en questionnement doux-amer sur l’identité, la transmission et l’amour. Une jolie performance !

Carlos Salem, Nager sans se mouiller (Matar y guardar la ropa) traduit de l’espagnol par Danielle Schramm, Actes Sud



 Catherine Le Ferrand







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